Vive les sols vivants

Sol nu, sol foutu. Sol couvert, sol prospère.” Cette phrase fait partie des mantra valorisés par Konrad Schreiber, ancien éleveur et ingénieur agronome spécialiste des “ sols vivants ”. Mais de quoi parle-t-on ? Pourquoi certaines terres recèlent plus de vies que d’autres ? Pourquoi avons-nous choisi de cultiver sur sols vivants ? Nous allons voir dans cet article de quoi relève les sols vivants et pourquoi nous avons choisi cette voie.

A noter que nos actions sont constamment remises en question par nos résultats, nos observations et les conseils avisés que nous avons la chance de recevoir. Aussi nous avions à cœur de partager notre approche pour inspirer d’autres collègues agriculteurs et susciter des échanges fructueux. Nous pensons que l’agriculture sur sols vivants fait partie des solutions pour une agriculture résiliente et adéquate pour relever les défis à venir.

Sols vivants, comment ça marche ?

Permaculture, agroforesterie ou agriculture de conservation des sols, toutes ces pratiques agroécologiques s’inspirent des écosystèmes naturels, comme les forêts et les prairies naturelles. Comment autant de plantes, de fleurs et d’arbres cohabitent et grandissent ensemble dans ces espaces où l’Homme n’intervient pas (ou peu dans nos forêts tempérées) ? Tout simplement parce qu’elles sont des puits de carbone qui emmagasinent de l’énergie grâce à la photosynthèse. Les plantes poussent bien, vite, parce que le sol y est fertile et vivant.

Comment ce sol est fertile et vivant ?

En étant toujours couvert, jamais retourné, et se nourrissant de la dégradation des végétaux eux-mêmes, les plantes sont autotrophes, c’est-à-dire qu’elles se nourrissent de leurs propres feuilles mortes. Insectes puis champignons et bactéries digèrent cette litière pour créer de l’humus, mélangé à son tour par les vers de terre et créant un mélange que l’on nomme “complexe argilo-humique”, capable de retenir l’eau, les nutriments et de nourrir abondamment les plantes. Sans parler du réseau mycorhizien qui relie toutes les racines entre elles, permettant de s’échanger de l’information et des nutriments (éléments minéraux, eau, oligo éléments).

Bref, voici comment un sol vivant fonctionne et c’est une belle piste d’inspiration pour recréer cela dans nos parcelles.

Pourquoi un sol nu serait foutu ?

Parce que sans plantes ou herbes pour le protéger, c’est toute la faune et flore dessus/dessous qui y est impacté. Moins de feuilles mortes, moins de nourriture et donc moins d’énergie, le sol est vite dégradé biologiquement, chimiquement et physiquement (érosion). Ainsi un sol nu est bien plus vulnérable à l’érosion induite par les vents et les pluies. La terre est facilement emportée par les grandes tempêtes (comme les épisodes cévenoles qui balayent les parcelles).

Ces phénomènes sont exposés de manières plus complexes mais complètes dans cet article sur l’oxydo-réduction. On y comprend notamment pourquoi les plantes permettent la captation et le stockage d’énergie dans les sols. A savoir aussi que la limite du labour réside dans le retournement des strates horizontales. Cette action a pour effet de mettre en surface des éléments ne pouvant se développer qu’en profondeur et vice-versa.

Ainsi, le couvert végétale, qu’il soit spontané ou mis en place par l’homme, protège et nourrit les sols dans leur intégrité.

Vous l’aurez compris, garder un couvert végétal permanent implique de ne pas recourir au désherbage chimique et limiter les labours au minimum. Sans herbicides et sans retourner les sols, la vie peut prospérer. Les sols vivants le sont car tous les organismes qui existent sous nos pieds peuvent se développer. Les mycorhizes, les champignons, les vers de terre et toute la pédofaune contribue à enrichir et entretenir l’humus qui viendra nourrir les vignes.

Sols couverts autour des parcelles et rangs enherbés / Sols vivants
Sols couverts autour des parcelles et rangs enherbés

Notre démarche pour cultiver le vivant

Comme nous l’avons expliqué plus haut, les couverts végétaux conservent et augmentent la matière organique contenue par nos sols. Chaque plante a un rôle de par sa physionomie. Elles peuvent fixer l’azote comme les légumineuses ou les décompacter avec leurs racines pivotantes comme les trèfles. Ainsi nous avons fait le choix de l’orge, de la vesce ou du pois, pour les engrais verts de nos parcelles. Nous les semons entre les rangs, pour ne plus y toucher pendant leur croissance. Leur présence protège l’intégrité des sols en conservant la stabilité du milieu, tout en l’enrichissant. En effet, leur dégradation en fin de saison contribue à l’enrichissement de l’humus.

Nous utilisons des engins mécaniques adaptés à chaque tâche. En travaillant les sols au minimum, nous limitons ainsi le nombre de passages avec les machines qui tassent les sols. Nos tracteurs relativement légers réduisent un peu plus leur impact. Le tout permettant également une consommation de carburant moindre. Enfin, nous travaillons les sols sous le rang grâce à des disques qui limitent la concurrence autour du pied de vigne sans retourner les différentes couches du sol. 

Parmi nos premiers constats, la fraîcheur relative des sols vivants qui conservent mieux leur humidité au cours des étés secs que nous connaissons maintenant régulièrement. Le peu d’eau que nous avons la chance d’avoir est mieux intégrée par nos sols couverts.

C’est ainsi que nos vignes poussent sur des sols vivants, enrichis naturellement en micro-organismes, qui conservent l’humidité et la fraîcheur.

Au premier plan, de l’orge, entre autres engrais verts sur sols vivants.
Au premier plan, de l’orge, entre autres engrais verts.

Des sols vivants pour des vins vivants

Grâce à cet entretien de nos sols vivants, nos vignes se portent bien. Elles donnent de beaux raisins sains, aptes aux vinifications sans intrants. C’est un prérequis important qui viendra faciliter les fermentations, et donc réduire nos interventions au minimum.

Nous avons fait ce constat au fil des millésimes et des améliorations de notre accompagnement viticole. Doucement, les sols s’enrichissent, ainsi que les plantes dont la pérennité est garantie par leur développement dans un environnement sain et équilibré.

Si les saisons de plus en plus chaudes peuvent rendre difficile la vinification limitée en intrants, rendre notre environnement plus résilient fait partie des solutions. Ainsi le couvert végétal, qui conserve la fraîcheur et l’humidité des sols même en été, permet une adaptation à l’impact du réchauffement climatique sur nos cultures.

Si cette approche de la viticulture ne répond pas à tous les défis à venir, c’est une solution intéressante que nous allons continuer d’explorer.

La Provence Verte porte bien son nom au domaine de la Mongestine / Sols vivants
La Provence Verte porte bien son nom au domaine de la Mongestine

A lire sur le même sujet : Faire du vin à l’heure du réchauffement climatique

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